Personal branding et conflit d'intérêt ?
Écrit par B. Bathelot, le 07/12/2015Le développement d'Internet et des réseaux sociaux a permis le développement de la notion d'individu média et des pratiques de personal branding dans un cadre professionnel. De nombreux cadres d'entreprises, qu'ils soient dirigeants ou opérationnels bénéficient d'une "aura" et d'une audience non négligeable dans leur univers professionnel grâce aux réseaux sociaux entendus au sens large. Ce phénomène est notamment particulièrement vrai dans le domaine du marketing et de la publicité, mais touche également les autres secteurs d'activité.
Cette visibilité est généralement obtenue grâce à des compétences reconnues et à une activité de publication plus ou moins intensive, mais elle est également due à la position et à la fonction occupée dans l'entreprise. Cette prise de parole de certains cadres n'est pas nouvelle et se pratique depuis longtemps dans la presse professionnelle, voire grand public, et lors d'événements professionnels (conférences, salons, etc..). Ce qui est nouveau avec la visibilité professionnelle sur Internet, c'est qu'elle se fait le plus souvent à partir de comptes sociaux personnels (Twitter, LinkedIn, blog personnel,..). L'entreprise ne contrôle plus forcément le support de communication et en est encore moins "propriétaire".
En cas de départ de l'entreprise, le salarié cadre conserve à priori cette audience acquise en partie grâce à la visibilité liée à son poste. Le travail d'animation / publication à l'origine de la visibilité a été normalement effectué dans le cadre du contrat de travail et a donc été théoriquement rémunéré. Cette audience et cette réputation pourront cependant être utilisées dans le cadre d'une nouvelle activité professionnelle pour le compte d'une entreprise éventuellement concurrente.
En dehors même de la dimension de personal branding liée à des publications, la problématique est la même sur LinkedIn ou Viadeo en ce qui concerne les contacts professionnels. Dans le contexte B2B, les réseaux sociaux professionnels sont devenus des outils commerciaux incontournables aussi bien pour la prospection que pour le "lead nurturing" ou le suivi relationnel. Cependant, la construction des "portefeuilles de relations professionnelles" se fait le plus souvent par le biais des comptes individuels. Ici aussi, en cas de départ, le salarié reste propriétaire de son compte et de ses relations professionnelles.
Certaines entreprises, notamment de taille moyenne, doivent donc réfléchir aux risques éventuels liés au départ d'un cadre particulièrement actif dans le domaine du personal branding. On peut penser, et ce n'est évidemment pas nouveau en ce qui concerne les hommes clés, aux clauses de non concurrence. Il est également peut-être possible d'anticiper ce type de problème ou de questions en "encadrant" les prises de parole effectuées dans le cadre de l'activité professionnelle. Ces prises de parole peuvent par exemple se faire par le biais d'un blog ou d'un compte Twitter / LinkedIn d'entreprise. Il reste cependant la difficulté de distinguer les prises de parole faites dans le cadre de la fonction de celles faites à titre personnel, notamment quand ces dernières peuvent aussi aborder le domaine professionnel.